Histoire de la Pharmacie

avec l'aide précieuse de Pierrot L'Hopital

Du 13è au 18è siècle

Construit en dehors des remparts et fossés de la petite et première cité de St Symphorien‐le­‐château, entre Coise et Orzon, le bâtiment de la pharmacie, tel qu’on le connait aujourd’hui, abritait dès le 13è siècle un mézel (ou mézellerie).

Ce mézel était une petite structure hospitalière isolée du reste de la population et destinée à accueillir les malades infectés par des maux contagieux tels que la peste ou la lèpre. En langage populaire, on désignait ces malheureux sous le nom de « mézeaux ». Au fil des années, le mézel devint un hospice réservé aux vieillards malades et nécessiteux. Il garda cette fonction jusqu’en 1690, date à laquelle il fut rattaché, selon la volonté du Roi Louis XIV, à l’hôpital royal installé depuis longtemps à la sortie de la ville, sur la route de Lyon, en lieu et place de l’actuelle maison de retraite et sa chapelle.

A partir du 18è siècle Que devient ce bâtiment au 18è siècle ?

A ce jour, aucune archive ne nous renseigne à ce propos. Il faut attendre 1850 pour pouvoir affirmer qu’il y avait là un débit de boissons : le « café Molière » qui, par le jeu des alliances devint le « café Bruyas », puis le « café Chanavat ». En 1875, Jean René Chanavat, jardinier, épousa Marie Antoinette Bruyas. De cette union, naitra en décembre 1875 une fille prénommée Antoinette Claudine. Ce sera l’unique enfant du couple et donc l’unique héritière.

En 1897, Pétrus Pressat, pharmacien, épousa Antoinette Claudine Chanavat.

Depuis 1904, Pétrus Pressat était installé dans la maison Duchesne, de l’autre coté de la place du marché, à l’angle de celle-­‐ci et de la montée de la grenette dans une partie des bâtiments de la mairie actuelle.

Le réputé café de la « mère Chanavat », rendez-­‐ vous quotidien de la bourgeoisie locale, occupa donc ces lieux jusqu’en 1933, date à laquelle, Pétrus Pressat y transferera son officine de pharmacie.

C’est donc par cette heureuse alliance que Pétrus Pressat devint propriétaire du bâtiment et put en disposer à son gré pour y exercer sa profession. Ce fut le second transfert de la pharmacie, puisque Pétrus Pressat s’était d’abord installé dans « la maison des escaliers » en reprenant la suite de Noël Dupuis.

Avant la seconde guerre mondiale, Pétrus Pressat avait un employé chargé de préparer les potions pharmaceutiques. Il s’appelait Marcel Bouchut (photo ci contre, en blouse). Mobilisé en 1939, il épousa, à son retour, Lilly Brally, soeur de Pierre et fille de la vénérable Madame veuve Brally, tenancière de l’hôtel restaurant du même nom, à l’angle de la place des Terreaux et de la route de Givors (actuellement : Société Générale). A cette époque, Marcel Bouchut, comme de nombreux préparateurs en pharmacie, portait le surnom péjoratif de « rince fioles »

Le 25 septembre 1937, Antoinette Claudine Chanavat décède dans un hôpital Lyonnais. Petrus Pressat a alors 73 ans.

Veuf, il continuera d’exercer sa profession jusqu’en 1941 date à laquelle il vendra son fond à Mademoiselle Alice Ponce qui deviendra Madame Peronnet à la suite de son mariage avec un industriel chapelier chazellois.

Madame Peronnet‐Ponce eut d’abord pour préparateur un Moniseur Néel, qui sorti de ses fioles, était un cyclo-­‐touriste passionné. Il portait grand soin à entretenir son matériel roulant et grand nombre de pelauds étaient impressionnés par son coup de pédale. Il fut remplacé par un chazellois, Monsieur Duboeuf, petit homme aussi sérieux que chauve et qui était surnommé « le professeur nimbus » étant donné sa ressemblance certaine avec un héros d’une bande dessinée de l’époque.

En 1981, André Rozaire, d’origine lorraine succède à Alice Peronnet Ponce. Il exploitera la pharmacie jusqu’en juillet 2003, date à laquelle il transmettra la pharmacie à un autre lorrain, Philippe Pirson, qui exercera à St Symphorien jusqu’au 15 avril 2007.

 


LA MAISON DUCHESNE

En lieu et place de la Mairie actuelle (côté des bureaux du comité des fêtes et de la police municipale) il y avait, jusqu’en 1863, une vieille bâtisse communale appelée « grenette » car c’était ici que ce tenait, au moment des semailles, la vente des semences.

Le maire de l’époque, Maitre Henri Petit, cherchant des ressources pour achever l’énorme chantier de nivellement de la place du marché, décida son conseil de vendre la maison de la grenette. Elle trouva preneur, en la personne du sieur Duchesne, pour la somme de 6650 francs. Mr Duchesne rasa totalement sa piètre acquisition et construisit à cet emplacement, une belle maison bourgeoise au rez de chaussée de laquelle il installa, à grands frais, une sorte de « café riche » où il espérait attirer la clientèle aisée du pays.

Ce fut un échec cinglant. Les riches pelauds continuèrent à aller boire l’absinthe chez la bonne, généreuse et très estimée Mère Chanavat. Duchesne dut cesser cette activité commerciale défaillante.

C’est, semble t il, dans les toutes premières années du siècle, en 1904, qu’il loua les locaux au pharmacien Pressat. Celui ci allait y rester durant 29 ans.

 

 


LA PREMIERE PHARMACIE ET LA MAISON DES ESCALIERS

Contrairement à ce que l’on dit, ce n’est pas Pétrus Pressat qui créa la première pharmacie à St Symphorien. Il vint de St Etienne, très probablement dans les dernières années du 19è siècle, pour prendre la succession d’une pharmacie déjà existante et tenue successivement par Joseph Briand, André Briand son fils, puis Noël Dupuis, tous trois qualifiés de « Pharmaciens » à St Symphorien.

En effet, sur la place aux boeufs, (ainsi dénommée parce que chaque jour de marché, s’y tenait le foirail) en dessous du café Chanavat et à l’angle de la ruelle Rambert s’élevait une vieille maison (actuellement « imagine coiffure »). Celle-­ci, comme ses voisines avait du subir les exigences du nivellement de la place réalisé en 1863 à l’initiative du maire Henri Petit. Il avait fallu compenser la baisse du niveau par une double montée d’escaliers, transformant l’ancien rez de chaussée à ce que l’on pourrait appeler un « entre-­sol ».

On sait qu’en 1850, il y avait là un débit de boisson tenu par un dénommé Moulin. Après les travaux de nivellement, ce fut son gendre, Claude Perret, qui lui succèdera comme « cabaretier » jusqu’à ce que la maison soit vendue à Joseph Briand, le premier pharmacien de St Symphorien. Son fils pris la suite de l’activité, puis louera son officine à Noël Dupuis, qui finalement achètera la maison en 1892. Ce dernier ne restera à St Symphorien que quelques années avant de partir s’installer à Lyon, cours de la liberté.

C’est sans doute à ce moment là, aux environ de 1895, qu’arriva Pétrus Pressat, jeune pharmacien célibataire d’une trentaine d’année qui va succéder à Noël Dupuis.

 


LES TRANSFERTS FORCES DE LA PHARMACIE PRESSAT

Le 18 avril 1898, Noël Dupuis vend sa maison (la maison des escaliers, voir ci dessus) à Benoit Guyot, marchand de vins. Devenu propriétaire, ce dernier décide de démolir la vieille bâtisse pour en construire une neuve et en faire à la fois les bureaux de son commerce et sa maison d’habitation.

Les occupants des lieux doivent donc déménager : il y a là, à « l’entre sol », le pharmacien Pressat, et à l’étage, le tailleur Fulchiron. Tous deux vont traverser la place du marché pour se réinstaller. Monsieur Fulchiron établira son atelier au premier étage de la « maison de Condrieu », au dessus des arcades actuelles de la Mairie et c’est alors que Pétrus Pressat occupera les locaux de la belle maison Duchesne devenus libres à la suite des mauvaises affaires de son propriétaire. Il signera quatre baux successifs de neuf ans, le dernier expirant le 24 juin 1931. Or depuis 1927, cette maison est devenue propriété communale et, à l’expiration du bail, Petrus Pressat refuse de quitter les lieux où le maire de l’époque, le docteur Margot et son conseil ont décidé d’installer la Mairie.

Extrait des délibérations du conseil municipal du 12 septembre 1931 : « Bail Pressat » -­ Le bail consenti à Mr Pressat pour l’immeuble acquis par la commune pour y installer les services municipaux est arrivé à expiration le 24 juin dernier. Mais l’occupant refuse de le laisser à disposition de la commune malgré les demandes réitérées qui lui ont été faite. On décide donc d’engager la procédure nécessaire pour contraindre l’occupant à laisser libres les lieux loués.

Il faudra attendre 1933 pour que finalement le différent se règle à l’amiable sur intervention du juge de paix du canton sans qu’il ne soit vraiment possible de comprendre l’entêtement de Pétrus Pressat de ne pas quitter les lieux. (Refus de sa belle mère de fermer son café ? Animosité avec le conseil municipal ?)